L'Amazonie ou l'enfer vert ou ...
Les z'apattas m'ont effectivement choisi comme scribe pour ce nouvel article. Alors c'est parti pour la découverte de l'enfer vert :
Décollage de Rio pour Bélem le 15 mai à 7h55. Le vol passe par la capitale : Brasilia. Vers 12h, le train arrière de l'avion crisse au contact d'une piste d'atterrissage mouillée de la charge d'humidité tropicale.
Nos premiers pas dans Bélém, grosse ville plantée sur les alluvions de l'estuaire Amazonie/Océan Atlantique, nous conduisent vers Amazonia Hotel (original !) réservé la veille à Rio. Tandis que Géraldine ne rechigne pas aux moiteurs de son dortoir aéré par quelques fenêtres, Christelle et Patrice se sauvent en courant d'une alcôve sans fenêtre fleurant la moisissure. Et c'est en face qu'ils jettent leurs sacs au sol d'une belle petite chambre. Et maintenant, la douche est de rigueur avant de déambuler dans Bélem afin de mieux la connaitre et pour préparer le programme de ces trois jours aux portes de l'Amazonie. Après un repas pris vers 15h, notre quête s'oriente vers les agences qui proposent des trips à la journée.
Le 16 : Visite des différents quartiers de cette ville portuaire très contrastée et plus particulièrement du célèbre marché Ver o peso, le plus grand d'Amazonie.
Nos yeux sautillent de boutiques en boutiques, d'étales en étales, d'objets colorés en objets traditionnels, de fruits exotiques en agrumes abondants, de petits jobs en travaux de transformation des matières premières, de couleurs chatoyantes en patchwork de teintes, d'odeurs en parfums.
A ce papillonnement de nos sens olfactifs et visuels vient s'ajouter notre désir de toucher à tout. La chaleur et l'humidité du lieu ont déclenché promptement la sudation chez Géraldine et Patrice. Quant à Christelle, il aura fallu cette frénésie de la découverte pour qu'enfin la sueur perle sur son front.
Activité: puzzle culturel
Sur les quais de Belem
Le 17 mai : petite excursion dans les furos et iguarapès.
Durant ces trois jours, le ventre de Géraldine gargouilla très fort. Les soupapes de sécurité ont été mises à rude épreuve.
Au matin du 17, Géraldine traverse en pyjama la rue entre les deux hôtels et vient frapper à la chambre de Christelle et Patrice : "Je ne peux vraiment pas vous accompagner aujourd'hui... la tourista m'a achevée."
Notre première aventure Amazonienne se fera donc en duo. Ce fut une très belle sortie sur les eaux amazoniennes, puis dans la forêt qui la borde. Le long d'un sentier tortueux, Carlos notre guide Franco-Brésilien nous fera vivre des expériences étonnantes en plus de la découverte de la flore et de la pharmacopée. Au menu il nous a concocté une dégustation de fruits secs, d'açaî et de cacaos frais et secs ainsi qu'une montée dans les arbres et pour finir une rencontre intime avec une grosse bêbête endémique.
Et pour mieux nous aider dans ce parcours initiatique, Carlos sera accompagné d'un habitant des lieux de 70 ans qui cassera des noix très dures, grimpera lestement aux arbres et déposera sur le corps de Christelle et Patrice cette tarentule terrifiante ! Patrice, conseillé par le petit vieux, tentera de se hisser le long de ces arbres fins et lisses mais en vain. Christelle n'aura jamais était effarouchée par la balade de la tarentule sur elle. Les émotions auront agrémenté cette petite virée en terre amazonienne. De retour auprès de Géraldine, Christelle s'empressera de lui montrer les photos de la tarentule ce qui la fera sursauter et dresser les poils : arachnophobie oblige !
Fruit du cacao frais c'était bon
Açais récoltés et fèves décortiquées Grosse tarantule non factice: Chistelle, même pas peur!
Le 18 mai: départ vers 11h en bateau pour Santarem.
Une entrée de plein fouet dans "l'enfer vert" débute alors avec toutes les représentations qui accompagnent un tel parcours, c'est à dire un ensemble d'attentes, d'images et de jugements d'occidentaux construites à partir de lecture, de reportages, d'échanges, de fantasmes, etc.
La réalité : ce n'est pas l'enfer vert !
Le départ était prévu à midi ; nous partirons à 18h. La chaude ambiance d'une vie collective en milieu confiné, qui va durer trois nuits et trois jours, se confirme tout de suite. Chaque passager édifie sa couche qui se résume en un hamac coloré suspendu aux barres prévues à cet effet. Et petit à petit, une forêt de hamacs prend vie au premier comme au deuxième étage de notre bateau. Ils sont en mouvement perpétuel. Ils sont mus par la sortie des uns, l'entrée des autres, le rythme de balancier pour se faire bercer, le tangage et le roulis. Géraldine y passera certainement au moins les deux tiers de son temps. Car pour l'autre tiers elle grignote. Quant à Christelle et Patrice, c'est selon leurs envies qu'ils alterneront entre hamac deux places et petite cabine privée. Concernant la toilette, Christelle se demande encore si le liquide qui coule de la douche ne provient pas de l'eau marron et verte du fleuve. Alors quelques réticences.
Film aux couleurs toujours changeantes
Dès le plus jeune âge, l'art de la pagaie .... humm!
Contre les courants d'air, les astuces d'une zapattas ...
Dans cette promiscuité, les échanges vont bon train malgré les problèmes linguistiques. Christelle et Géraldine trouvent quelques similitudes entre espagnol et portugais ce qui favorise les échanges. Patrice est plutôt dans le mime, le dessin ou la langue des signes. Ou alors il saute sur tout ce qui peut parler anglais.
une amazonie lente et colorée
Au moment ou je vous écris, je suis installé sur une chaise entre deux hamacs: dans l'un dort Géraldine, dans l'autre Christelle achève l'Homo Erectus (c'est seulement le titre d'un livre de Tonino Benacquista!) et devant se déroule le film de l'Amazonie (des berges qui peuvent être distantes de trente kilomètres, des cases sur pilotis avec avancées sur le fleuves, des pirogues effilées maniées dès le plus jeune âge, des petits bateaux qui viennent agripper le nôtre pour différents petits commerces, des appontages pour divers embarquements de marchandises, des oiseaux qui viennent planer à notre verticale ou qui s'enfuient lors de notre passage, un papillon pas farouche qui vient dormir sur les gilets de sauvetage, mais pas d'anaconda en vue malgré la quête de Christelle). C'est à ce moment là que Géraldine sort de son sommeil, lunette de soleil en place et besoin de bouger son corps. Il nous reste 8h de navigation.
SANTAREM
A une heure du matin, dans la nuit du 20 au 21 mai, nous accostons à Santarem après 68 heures de navigation. Nous sautons à terre pour partir à la recherche d’un hôtel bon marché (hostel barato).
Bon marché rime avec chambre aux murs « couleur hôpital », avec draps ayant déjà servis et avec sobriété du mobilier. Après un fort désir de douche assouvi, chacun se love dans son lit pour un dodo réparateur. Mais le mal de terre, pour Géraldine, vient perturber les premiers rêves.
Le lendemain, chacun d’entre nous souhaite trouver de meilleures conditions de vie dans une Amazonie belle et enivrante. Alors nous optons très rapidement pour un court voyage vers Alter do chao : 3 reals pour une heure de bus. Nos diverses lectures nous font penser que notre nouvelle destination, Alter do chao, est la petite ville estivale à ne pas louper surtout lorsque l’Amazonie est en décrue pour laisser découvrir les plus belles plages du Brésil, paraît-il.
Dès notre arrivée, les rôles sont répartis : Géraldine est gardienne de sacs à la croisée de 4 chemins, Christelle s’engage promptement vers le nord et Patrice vers le sud. 15 minutes plus tard, Christelle, compétitrice dans l’âme, court vers Géraldine pour crier victoire : elle vient de dégoter la possada de rêve. Patrice arrive quelques secondes plus tard en marchant pour annoncer l’échec de ses recherches.
Les sacs chargés sur nos dos, nous franchissons effectivement le portail d’une possada à la déco simple, épurée mais très agréable. Tout le monde est heureux : Géraldine dans son petit dortoir douillé et Christelle et Patrice dans leur « double room » tout aussi chaleureuse.
Repas pieds dans l'eau: très agréable!
A peine les chambres investies, les trois compères s’empressent d’organiser leur séjour.
Le gestionnaire des lieux parle espagnol, portugais et anglais. Le programme semble alléchant. Deux heures après leur arrivée, les trois aventuriers s’enfoncent en bateau puis en barque sur le rio Tapajos, large bras de l’amazone. Dans un silence émouvant la barque glisse sur une eau calme et notre guide se fraye un chemin dans un labyrinthe d’arbres et de lianes émergeant des profondeurs du rio.
Et le lendemain c’est le départ pour un trek dans la forêt pour une exploration avec un petit guide indien avec qui nous découvrirons :
.... pour une belle teinture rouge le jardin des phallus: photo de Christelle
... elle se la pette ... Effectivement les dimensions sont respectables: total respect pour ce papi de 700 ans
- Des minuscules plants jusqu’aux arbres sept fois centenaires dont la circonférence est réalisée par 22 personnes se tenant par les mains.
- Des fourmis que l’on écrase pour fabriquer de l’anti fourmi
- De nombreuses plantes aux vertus médicinales etc. …
La pluie amazonienne dont nous nous protégerons par alternance grâce la canopée.
Le trek aura duré 7h30. Nous en avons plein les bottes d’autant que notre repas de midi a été pris au retour dans le village, c’est à dire à 18h. Il faut dire que Christelle a pris son temps pour récolter de belles graines de couleurs tout au long du parcours, pour se faire des colliers.
Que d'enlacements: c'est plein d'amour
Le 23 mai, repos au village : un peu de vélo, baignade, repas pris les pieds dans le rio, recherche de bijoux dans les quelques boutiques indiennes, breuvages de jus inédits, observation d’un cours de capoeira sur la place centrale …
Et le 24, ce sont les préparatifs pour une nouvelle transhumance, cette fois brésilo/bolivienne. Notre vol nous conduira à Santa Cruz en Bolivie après 20h de « Stop and Go » (Santarem, Belem, Rio de Janeiro, Buenos Aires, Santa Cruz), oui on avait envie de se compliquer la vie !
Patrice a relevé le défi : écrire un article du blog (les z’apattas et Patrice en Amazonie). Sa mission a–t-elle été bien accomplie ? Ce sont vos commentaires qui serviront d’applaudimètre.